USA saison 2 – Californie – Arizona – Nouveau Mexique

◀ RETOUR HUB / TERRA AMERICA

Jour 73 : 23 avril 2022

Phoenix – Tucson – Nogales – Santa Ana

Nous partons aux aurores afin d’éviter la chaleur mais aussi afin de nous rendre dans la matinée à Tucson où nous avons inscrit Suzanne à un Car Show : Le Rodders Car Show organisé par le Tucson Street Rod Association. Comme le nom l’indique, c’est un rassemblement de Hot Rod principalement, des voitures datant d’avant 1992, mais d’autres voitures dites ‘d’intérêt’ pouvaient s’y inscrire, ce que nous avons fait pour Suzanne.

Nous arrivons vers 9h pour nous enregistrer définitivement.

Seule Citroën présente parmi des dizaines d’américaines plus customisées les unes que les autres. Mais notre Suzanne nationale a fait très bonne figure, beaucoup de gens sont venus la regarder, la prendre en photo et échanger avec nous.

Vers 11h, nous reprenons la route, elle est encore longue avant l’entrée au Mexique.

Déjeuner au Canoa Golf. Service lent, plats plutôt gras, mais nous sommes bien calés pour la suite.

14h, nous franchissons Nogales.

Nous apercevons le fameux  »mur » séparant les deux états. Vraiment impressionnant.

Nogales est une ville plutôt pauvre et fourmillante, comme les villes de frontière.

21km plus loin, nous nous arrêtons au poste d’immigration. Il n’y a pas grand monde mais nous allons y passer deux bonnes heures entre nos tampons sur le passeport (30$ / passeport) et le certificat d’importation de Suzanne (200$, nous autorisant à rester 180 jours avec la voiture sur le sol mexicain).

Sur ce dernier point, la carte grise n’étant pas à notre nom, le document officiel de l’Aventure Citroën rédigé en espagnol concernant notre expédition a été fort utile.

Nous finissons notre route de la journée en descendant vers Santa Ana. Je découvre les routes mexicaines et les dos d’âne très hauts et peu signalés, assez rapidement. 

Piégée une fois mais pas deux, Suzanne n’aime pas vraiment l’exercice de voltige…

Mais là encore, elle est une voiture robuste.

Dîner et hôtel à Santa Ana.

Demain : Santa Ana – Navojoa

 

Jour 72 : 22 avril 2022

Phoenix 

Dernier jour aux USA pour Suzanne, nous partons demain matin vers Tucson où nous allons assister à un Car Show puis Nogales pour passer la frontière avec le Mexique 🇲🇽.

Suzanne aura passé plus de 80 jours aux USA depuis Anchorage en Alaska, où elle est arrivée sur une barge, puis le départ de l’expédition au bord de l’Océan Arctique à Prudhoe Bay par 70°N et le passage de la frontière en Arizona.

80 jours, plus de 20 000 km parcourus déjà et plus d’une centaine d’heures de films tournés sur cette expédition et ses rencontres.

Ce matin nous saluons sur le parking du motel, Dante, artiste chanteur de 75 ans, qui a connu mille vies, en fréquentant à Vegas, Elvis, Alice Cooper etc… (voilà pour sa légende à lui)

Il n’a plus qu’une Dodge rouge, dans laquelle il tient toute sa vie. 

Il nous dit qu’il part au Nouveau Mexique voir un peu de famille. Qu’au Nouveau Mexique, il ne peut pas avoir son revolver. D’ailleurs il le sort devant nous, un blue titanium, tout en précisant qu’il n’a pas de cran d’arrêt.

Sympa !

Il s’en est servi qu’une dizaine de fois nous raconte t’il…

Voilà aussi pour la légende du personnage tout droit sorti d’un film de Tarantino.

En revenant ce soir au motel, sa voiture avait juste changé de place de parking … 

Vers midi, nous procédons aux dernières révisions mécaniques à The Shop, 19th North  Avenue. Ce contact m’a été donné par Shirley Holmberg, mon amie de Fairbanks. 

Après déjeuner, je continue de travailler sur la climatisation et remet en configuration longue route la voiture. Tout fonctionne !

 

Ce soir, nous dinons dans un restaurant français, le  »Voila » avec le photographe journaliste Olivier Touron et sa femme Shelly, mais aussi Rod et Patty, deux natives de Window Rock. 

Demain : Car Show à Tucson vers 9h puis le passage de la frontière à Nogales.

Jour 71 : 21 avril 2022

Phoenix 

Nous sommes toujours à Phoenix jusque samedi matin, avant de passer la frontière à Nogales.

Journée bricolage sur Suzanne ! 

Objectif : faire baisser la température 🌡️ à l’intérieur.

Comme évoqué déjà, cette voiture a été préparée  »grands raids » par son ancien propriétaire, et a subi des modifications utiles pour ce type de voyage au long cours. 

Nous procédons encore a quelques améliorations compte tenu des conditions climatiques actuelles et futures (il fait aujourd’hui 38°C à l’ombre en Arizona)

🔸 Pose de films anti-chaleur sur le pare-brise et les vitres avant, laissant passer 80% de la lumière visible (Les vitres arrières sont teintées à 95%).

🔸 Isolation thermique +++

🔸 Mise en place du bloc de climatisation (300W acheté en Californie – utilisé pour les RV). Je me suis servie de l’entrée d’air du chauffage provenant du radiateur pour faire sortir l’air chaud de la clim. 

Le bloc fonctionne en 110V. Nous avons donc un convertisseur 12/110V piqué en direct sur la batterie.

Demain matin, il restera à faire les graissages.

Dîner au Hula’s modern Tiki, nourriture hawaïenne… (= de l’ananas partout !)

 

Jour 70 : 20 avril 2022

Phoenix 

Matinée consacrée aux lessives au Ginny’s wash house.

Nous partons ensuite pour l’Indian Market de Scottsdale; sauf qu’après avoir repris l’autoroute pendant une dizaine de minutes, nous nous rendons compte que ce n’est pas la bonne adresse…

Il est 13h, il fait plus de 30 degrés Celsius dehors, plein soleil.

A force de tourner pour trouver là où nous devions nous arrêter, je ne fais pas attention à la température de l’eau et je ne prête pas attention au fait que le ventilateur du radiateur ne fonctionne pas.

Erreur !

J’entends en revanche de façon plus franche que la voiture commence à faire un bruit suspect. Sam penche la tête par la fenêtre et aperçoit au sol une flaque d’eau…

Je jette un coup d’œil sur la sonde : on est à plus de 110°C !

Je gare immédiatement Suzanne et coupe le moteur. Je descends et ouvre le capot. Le vase d’expansion déborde. Nous sommes sur un parking d’un grand centre commercial, à côté d’un fast food chinois. J’ai faim, et le temps que la voiture refroidisse, nous décidons de nous y installer.

J’appelle Gérard d’Aboville, mais sans succès; j’appelle ensuite James Lefièvre et fait le point avec lui.

Dès que la voiture a refroidi, je reprends les vérifications : je rajoute de l’eau dans le vase et dans le radiateur. 

Je démarre, je vérifie. On décide de repartir au motel tranquillement.

Le soir, je refais une vérification de l’huile : pas de mayo !

Ouf, nous ne sommes pas passés loin de la correctionnelle.

Même si j’ai un joint de culasse à bord, ce genre de réparation nous aurait ralenti dans notre programme et notamment notre passage de frontière samedi.

Dîner au FnB de Scottsdale.

Demain : Pose de la clim et Maricopa Salt River

 

Jour 69 : 19 avril 2022

Sedona – Phoenix : mardi 19 avril

Après un arrêt à la chapelle Holy Cross de Sedona, nous sommes repartis ce matin en direction de Phoenix en empruntant la 17 South.

Il fait une chaleur de plomb. Autour de 100°F.

Nous déjeunons encore sur l’autoroute : pizza !

J’ai décidé de rendre de nouveau visite à Serena Padilla, native Tohono O’Odham, à Scottsdale.

Avec Shirley Holmberg, nous avions tourné chez Serena en septembre dernier, dans son Hogan, pour comprendre le rituel du sweat lodge. Avec la complicité de Shirley, qui malheureusement ne peut être avec nous en ce moment, nous avons fait la surprise à Serena !

Les retrouvailles ont été chaleureuses et toujours autant de succès pour Suzanne. Nous avons rendez-vous jeudi soir pour une nouvelle cérémonie de sweat lodge. Notre présence y est acceptée.

Merci Auntie !

Point mécanique : Nous nous arrêtons 3 jours à Phoenix pour améliorer la voiture avant la descente vers Mexico. Si l’ancien propriétaire a fait de nombreux efforts d’isolation, ce n’est pas suffisant pour nous protéger de la chaleur sur de longues distances.

On va donc isoler davantage et …. climatiser (quoiiiiii ?! Comment ?! ils vont climatiser une Traction ?!?!)…

Affaire à suivre …

Ce soir nous dînons au Herb Box (restaurant bio) à Scottsdale downtown où se trouve notre motel, histoire de faire passer la énième pizza du voyage.

Demain : lessives et mécanique.

 

Jour 68 : 18 avril 2022

Window Rock – Gallup (Nouveau Mexique) – Sedona
Nous avons rendez-vous aujourd’hui à 10h, à Gallup, devant le Cultural center, avec Ray T. Daw, psychothérapeute Navajo. Il est un ami de Shirley Holmberg, et c’est par son intermédiaire que nous avons eu son contact et cet échange.
Nous arrivons un peu en avance et nous croisons par hasard sur le parking, Anita King, la maman de Pepita RedHair, jeune femme disparue depuis le 27 mars 2020, en l’honneur de laquelle une marche avait été organisée le week-end dernier à Crownpoint. Je décide de poursuivre l’échange avec elle sur la disparition de sa fille, sur les investigations actuelles, sur le soutien du mouvement MMIW.


Vers 11h, nous sommes rejoints par Ray T. Daw.
Nous roulons ensemble vers le Camille’s, un café/restaurant de Gallup.
Gallup (Naʼnízhoozhí en Navajo), petite ville du Nouveau Mexique de 20 000 habitants fondée en 1881, est une étape importante de la mythique US Route 66, c’est aussi la ville du tournage de Billy the Kid en 1930.
Elle compte plus du tiers d’amérindiens et depuis 90 ans, via le Gallup Inter-Tribal Indian Ceremonial Dances, elle possède l’un des regroupements les plus importants d’Indiens d’Amérique du Nord.
Après avoir occupé pendant de nombreuses années des fonctions de psychothérapeute, Ray T. Daw, 69 ans, navajo, est aujourd’hui consultant pour des particuliers ou des organisations qui travaillent auprès des communautés; il intervient sur les sujets suivants : la santé comportementale, la santé publique, les traumatismes historiques, les expériences négatives de l’enfance, le développement de la prévention et du traitement chez les Amérindiens, la guérison traditionnelle, le développement de la main-d’œuvre, le bien-être des vétérans, les services de prévention du suicide et des médias sociaux.
J’ai voulu avoir son regard sur sa communauté, sur ses problèmes et surtout sur les solutions et les actions menées, aussi sa vision de l’avenir avec les générations futures. Parce qu’il a cette double culture, qu’il a eu la chance d’avoir eu accès à l’éducation, tout en ayant cet héritage ancestral navajo, il a su adapter les méthodes de la psychologie du monde occidental à la culture navajo mais aussi à d’autres tribus amérindiennes pour mieux leur venir en aide.


Pendant plus d’une heure, nous discutons ensemble et l’échange est particulièrement enrichissant. L’interview de Ray sera à retrouver dans la série documentaire.


Après avoir déjeuné ensemble, nous poursuivons notre route vers Sedona en Arizona.


Nous y faisons escale pour la nuit et la journée de mardi, avant de rejoindre Phoenix.

Jour 67 : 17 avril 2022

Tuba City – Window Rock
Nous partons vers 11h en direction de Window Rock, petite ville de 2509 âmes, dans le Comté d’Apache que nous atteignons vers 14h.
Nous sommes à la frontière est de la réserve Navajo, à quelques kilomètres du Nouveau Mexique.
Cette ville fait référence à une curiosité naturelle de l’endroit : une falaise de grès percée d’un trou circulaire situé à 30 m de hauteur et d’un diamètre de 14 m, qui évoque une fenêtre («window» en anglais).


L’édifice le plus remarquable de Window Rock est le siège du Navajo Nation Council, organe législatif du gouvernement navajo, dont le plan octogonal évoque celui d’un hogan navajo. À l’intérieur, des peintures murales racontent l’histoire du peuple navajo.
Nous nous arrêtons face à la falaise au trou percé et je me rends à pied au célèbre mémorial en l’honneur des Code Talkers.


Au début de la seconde guerre mondiale, Philip Johnston, ingénieur civil de Los Angeles, dont le père était missionnaire en territoire Navajo, proposa à l’état major US d’utiliser la langue Navajo, que lui même parlait, comme code de communication entre les soldats américains.
Le Navajo est une langue à la grammaire complexe et a l’époque elle n’était que parlée. C’est ainsi que 29 Navajos ont été formés pour rejoindre les Marines : ils seront les premiers Code Talkers.


Pour unifier les communications entre bataillons, un code navajo composé de 274 mots est mis en place. Les mots du jargon militaire n’existent pas dans la langue indienne. Le mot « tortue » est alors utilisé pour désigner un tank, et l’expression « poisson d’acier » est employée pour nommer un sous-marin ; les bombes deviennent des œufs et les grenouilles remplacent les véhicules amphibies. Les autres mots sont épelés en anglais, en remplaçant chaque lettre par un mot commençant par cette même lettre. Après une formation de quelques mois, les Code Talkers sont envoyés dans le Pacifique pour participer à la bataille de Guadalcanal en août 1942. Passé les premiers ajustements, l’utilisation du navajo comme langage codé est un succès et des recrues indiennes sont rapidement appelées en renfort.
Au total, 420 Navajos participent aux combats, et le lexique s’étend de jour en jour pour englober environ 600 mots, avec une syntaxe complexe et des intonations rendant le décryptage impossible. Le code navajo jouera un rôle crucial lors de la bataille d’Iwo Jima, en février 1945. Pendant les 48 premières heures de l’opération américaine, ce sont environ 800 messages qui seront transmis par les Code Talkers travaillant sans relâche, et permettant aux Américains de sortir vainqueurs des combats.
Les Japonais ne réussirent jamais à percer le secret du code navajo, malgré leurs nombreuses tentatives. En 1942, avant même que les Code Talkers ne soient formés, un sergent d’origine Navajo sera capturé et torturé pour révéler les secrets du code : en vain, le sergent ne maîtrisant pas la langue. Pour éviter les fuites, les Américains prirent de nombreuses précautions : aucune trace écrite du code ne devait être produite, et chaque Code Talker devait être accompagné d’un Marine investi d’une mission secrète. Si le Codet Talker était capturé vivant par l’ennemi, le soldat américain devait l’abattre pour que le secret demeure intact.
L’existence même de ce code resta secrète pendant plus de 20 ans. Il fallut attendre 1968, lors de l’ouverture des archives, pour que le langage codé soit percé au grand jour. En 1982, Ronald Reagan fut le premier président américain à reconnaître le rôle des Code Talkers dans la seconde Guerre mondiale et à leur exprimer sa gratitude au nom de la nation. Ce n’est cependant qu’en 2001 que les derniers vétérans indiens furent gratifiés d’une médaille d’honneur, pour le service rendu à l’armée.
Dîner au Denny’s, chaîne de fast food bien connue aux US …
C’est dimanche de Pâques, rien n’est ouvert.
Demain : Gallup pour rencontrer Ray T. Daw, Navajo.

Jour 66 : 16 avril 2022

Tuba City – Second Mesa
Levés à 10h !!! On a du mal à gérer le décalage horaire de la réserve qui n’est pas à l’heure de l’Arizona…
Breakfast au Hogan. French toasts.
Nous partons ensuite pour Second Mesa dans la réserve Hopi, où nous attend Micah Loma’omvaya, au Centre culturel Hopi.
Le vent souffle très très fort. La poussière et le sable sont omniprésents et s’infiltrent partout. La conduite est difficile.
Nous nous arrêtons à Kykotsmovi, petit village Hopi de 800 habitants, en espérant pouvoir y déjeuner. Ce village au beau milieu de nulle part ne compte aucun restaurant. Nous achèterons un Twix et un yaourt à la station essence du coin.


En sortant du magasin, j’aperçois un groupe de filles, jupes longues, bible à la main, et non loin un camion aux couleurs d’une église Baptiste. Je décide d’aller leur dire bonjour et leur demander ce qu’elles font.


Elles vendent du paradis ! En quelques minutes je saisis que leur degré d’endoctrinement est impressionnant, alors qu’elles n’ont à peine qu’une trentaine d’années. Pour leur faire plaisir, je leur prends leur CD et leur carte.
Elles vont passer la journée à faire ainsi de la retape dans ce petit village amérindien… ainsi va la vie…
Il est 16h30 lorsque nous nous rendons sur le site des pétroglyphes de Taawa, en prenant la 62.
Nous suivons Micah depuis Second Mesa où nous l’avons rejoint. Il est très sceptique sur le fait que Suzanne puisse faire du off road sur plusieurs miles pour atteindre le site.


Mais comme toujours, Suzanne l’a fait et fut aussi à l’aise que le gros 4×4 Silverado de Micah.
Pendant plus d’une heure, au pied de ces roches gravées par les ancêtres, nous allons parler de la culture Hopi. Le moment est hors du temps.


Les Hopis vivent aujourd’hui dans 13 villages dont la plupart sont perchés sur les trois mésas qui composent la réserve. Ils sont environ 8000.
Pueblos (villages) de first mesa : Waalpi (Walpi), Hanoki (Hano ou Tewa), Sitsomovi (Sichomovi).
Pueblos de second Mesa : Songoopavi (Shongopavi), Musungnuvi (Mishongnovi), Supawlavi (Shipaulovi).
Pueblos de third Mesa : Hoatvela (Hotevilla), Paaqavi (Bacavi), Munqapi (Moencopi), Kiqotsmovi(Kykotsmovi), Orayvi (Oraibi le neuf) et Oraibi le vieux.
Plus à l’est, dans la vallée : Keams Cayon.
La réserve Hopi est enclavée dans la réserve Navajo
On dit des Hopis d’être les Greta Garbo des nations indiennes, fascinants mais insaisissables.
L’interview complète de Micah sera à retrouver dans la série documentaire.
Il est 18h30 lorsque nous repartons pour Tuba City.
Dîner au Hogan. Ribs et Club Sandwich.
Demain : Window Rock

Jour 65 : 15 avril 2022

Kayenta – Tuba City
Étape de liaison
Départ vers 11h30.
En reprenant la voiture sur le parking, je suis surprise de voir une carte de visite sur le pare-brise. Le directeur de l’Alliance française de Managua au Nicaragua était dans le même motel que nous. Il nous invite à le contacter lors de notre descente vers Ushuaïa.


13h, nous arrivons à Tuba City, petite ville de 8000 habitants dans le Comté de Coconino.
Nous nous y arrêtons pour 2 jours.
Tuba City tire son nom d’un homme de la tribu amérindienne Hopi, Tuuvi, qui s’est lié d’amitié avec les premiers colons mormons de la région. Les Navajos qui vivent dans la région depuis 1892 environ l’appellent To’Nanees Dizi, ce qui signifie eau emmêlée, dispersée ou tressée – une référence aux nombreuses sources sous la surface.
Nous logeons au Navajoland Motel, à deux pas de l’historique Tuba City Trading Post, qui date de 1905. On y vend aujourd’hui d’authentiques peintures au sable, tapis, bijoux et poteries amérindiennes pour le collectionneur sérieux et l’acheteur de souvenirs. A côté, on y trouve le musée interactif Navajo qui est une excellente introduction à la terre, à la langue, à l’histoire, à la vie culturelle et cérémonielle du peuple Navajo, ainsi qu’au patriotisme des Code Talkers de la tribu pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dîner au Hogan restaurant.
Demain après-midi : rendez-vous en terre Hopi, à Second Mesa, où nous avons une interview avec Micah Loma’omvaya, anthropologue Hopi.

Jour 64 : 14 avril 2022

Monument Valley
Nous partons de Kayenta très tôt, vers 6h30 pour voir le soleil se lever sur Monument Valley (Tse’Bii’Ndzisgaii en langue Navajo), qui est à environ 30 minutes de voiture de là où nous avons dormi, à Kayenta.
Il fait froid. Le ciel est bien dégagé. La séance de tournage s’annonce top !
Nous prenons la 163 en direction de Mexican Hat.
Le spectacle est grandiose. Plaines désertiques à perte de vue et buttes rocheuses effilées aux formes reconnaissables qui sculptent l’horizon, c’est bien Monument Valley. Ce paysage rendu célèbre par les westerns et les pubs Marlboro, on le connaît tous, a façonné la légende du Far West et continue à faire vivre le mythe.


Ce décor naturel de cinéma absolu ne déçoit pas, mais il faut savoir le prendre à sa juste mesure. Certes la nature est fascinante, mais il ne faut pas oublier qu’on est en territoire Navajo et que cette terre sacrée symbolise la résistance des peuples amérindiens et la permanence de leur culture contre la civilisation dite occidentale.
Bien avant toute trace humaine, le Parc de Monument Valley, situé entre l’Arizona et l’Utah, était autrefois un bassin de plaines. Pendant des centaines de millions d’années, les matériaux qui se sont érodés des premières montagnes rocheuses ont déposé couche sur couche de sédiments qui ont lentement fossilisés. L’activité tectonique extrêmement active qui s’en est suivie a soulevé le sol, élevant ces strates horizontales assez uniformément entre un et trois milles au-dessus du niveau de la mer. Ce qui était autrefois un bassin est alors devenu un plateau.
Les forces naturelles du vent et de l’eau qui ont érodé la terre ont passé les 50 derniers millions d’années à creuser et à éroder la surface du plateau. La simple usure des couches altérées de roches tendres et dures a lentement révélé les merveilles naturelles que compte Monument Valley aujourd’hui : les fameuses buttes (appelées inselbergs) au milieu d’un paysage désertique et de plateaux érodés (appelés mesas).
Les Anasazis, disparus au 13e siècle, ont façonné le paysage et laissé de nombreuses traces sur le territoire : pétroglyphes, peintures rupestres, maisons de pierre construites au pied des falaises.
Les Navajos, peuple d’éleveurs et de chasseurs, s’y sont installés à leur suite, domestiquant cette terre très aride. Les colons espagnols puis américains ont à leur tour investi les lieux dans leur conquête de l’Ouest, déportant le peuple Navajo et menaçant leur culture.
L’État américain leur accorda finalement un territoire, une réserve, grand deux fois comme la Belgique et abritant 180 000 habitants. Le Parc Tribal Navajo fut établi en 1958.
L’histoire de Monument Valley fut aussi marquée par l’industrie du cinéma. Harry Goulding et sa femme s’installèrent à Monument Valley en 1923. Ils bâtirent le Trading Post original en 1928 tout en entretenant de bonnes relations avec les Navajos.


C’est dans les années 30 qu’Hollywood commença à s’intéresser à la région et y tourner ses premiers westerns. Harry Goulding envoya des photos des lieux à John Ford, qui tomba sous le charme et vint y tourner La Chevauchée Fantastique en 1939. Ce fut le premier de sept autres films parmi lesquels Rio Grande, Cheyennes d’automne, etc. 60 longs métrages ont utilisé ce décor naturel.
Les Navajos vivent aujourd’hui du tourisme et de l’exploitation d’une gigantesque mine de charbon et disposent d’une certaine autonomie administrative.
Tout au long de la journée, nous avons bien constaté la manne touristique du lieu. L’entrée du Parc Tribal est payante. 20$ si vous êtes moins de 4 personnes en voiture, et on vérifie plutôt deux fois qu’une que vous vous êtes bien acquitté de la taxe. Ambiance…
En fait, tout est payant. Même la photo d’un simple cheval Mustang pas très bien entretenu. Pour ce simple cliché sans prétention, Samuel s’est fait reprendre par un palefrenier Navajo de très mauvaise humeur ou peut être bien alcoolisé.


En allant à Valley View, j’avais dans l’idée de faire du cheval du côté de John Ford Point et Camel Butte Point, deux endroits sublimes, et de discuter avec les propriétaires Navajos exploitants. Cela m’intéressait de comprendre le fonctionnement de la réserve et de voir comment ils pouvaient encore vivre leur culture traditionnelle face à ce tourisme de masse (3,4 millions de visiteurs /an).


La situation fut vite réglée : le premier ranch n’avait plus de chevaux, le deuxième en avait et nous avons été accueillis par deux Amérindiens, Jérémy et Nelson lui-même Navajo, bras levés tout en joie ; ils avaient repéré la voiture.
Je pourrais alors résumer la situation ainsi : d’abord tu payes, ensuite on discute, et tu payes encore pour discuter.
Pour les tarifs 95$ la demi-heure de cheval, 100$ la photo et je vous laisse imaginer le prix d’une  »discussion » qui allait s’avérer compliquée d’autant qu’ils ne semblaient pas bien frais, eux aussi.
Visiblement, ce n’était pas l’endroit pour parler du Hozho, concept cher à la philosophie Navajo. On en est même bien loin.
Ce soir, comme tous les soirs, Nelson et Jeremy se feront ramener par leur  »patron » chez eux, quelques tips en poche. Demain, 10 000 touristes passeront encore devant leur ranch dans de gros 4×4. Voilà pour le tableau.
Les Navajos ont appris la résilience, mais aussi l’adaptation au monde moderne et capitaliste. Aucun doute à Monument Valley.
Demain : nous reprenons la route vers Tuba City puis vers la réserve des Amérindiens Hopis. Nous y resterons jusqu’à dimanche.

Jour 63 : 13 avril 2022

Williams – Kayenta
Nous quittons Williams à 2200m d’altitude et prenons la route 64 vers Grand Canyon.
Beau temps. Toujours beaucoup de vent. Il fait froid.
Au bout d’une heure de route, nous arrivons à l’entrée du parc et il nous faut attendre 20 min avant de pouvoir circuler sur la réserve Navajo, tout en s’acquittant de 35$.


Mais le détour vaut le coup d’œil. Ce panorama grandiose est connu de tous, mais sur place, l’émerveillement est à son comble, c’est littéralement à couper le souffle.
Nous évitons le fameux  »skywalk » et nous nous arrêtons vers l’est à Grand view, Moran, Lipan, Navajo et Desert Point pour contempler l’immensité.

 »In time and with water, everything changes » Léonard de Vinci.
Le Grand Canyon est situé au Nord de l’Arizona et est classé au Patrimoine Mondial. Il englobe 446 km du fleuve Colorado et des hautes terres semi-arides adjacentes. L’immense Grand Canyon mesure 1219 m de profondeur en moyenne (max 1829 m) et jusqu’à 29 km de largeur. Des bandes superposées de roches colorées révèlent des millions d’années d’histoire géologique avec des vues inégalées depuis le bord et c’est l’un des exemples d’érosion les plus spectaculaires au monde.
L’histoire du parc pourrait remonter jusqu’à 1,7 milliard d’années et couvre les quatre grandes ères géologiques du Précambrien au Cénozoïque. C’est une succession de phases : immersion de la région, accumulation de sédiments (lave, sable, vase), transformation en roche (grès, argiles puis schiste), soulèvement sous l’activité tectonique, puis érosion du relief sous l’activité de l’eau et du climat.
Le fleuve Colorado a mis 4 millions d’années à creuser cette longue faille qu’est le Grand Canyon.

La légende indienne autour du Grand Canyon:

« Il y a longtemps, un grand chef portait le deuil de sa femme, et resta inconsolable jusqu’à ce que Tavwoats, un des dieux indiens, vint le voir et lui dit que sa femme se trouvait dans un pays bien plus heureux, et lui proposa de voir ça par lui-même s’il arrêtait de pleurer. Le grand Chef accepta. Alors Tavwoats creusa un chemin à travers la montagne, vers ce magnifique paysage, qui était le territoire désertique de la pauvre Numa. Ce chemin était le canyon du Colorado.

Le dieu lui demanda de ne rien révéler de ce splendide territoire. Il déversa alors une rivière bouillonnante dans le canyon, qui devait décourager toute tentative de traversée. »
La première présence amérindienne daterait d’il y a 12 000 ans, durant la période paléo-indienne. Il y a 3000 – 4000 ans, le peuple Archaïque du désert s’y serait installé. Il est l’auteur d’objets archéologiques fascinants retrouvés dans des grottes autour du Grand Canyon : des figurines faites de brindilles entortillées, représentant des formes animales.
Les peuples Anasazis (ou Pueblos), mais aussi Basketmaker, Cohonina, Cerbat, Pai, Païute du sud, Zuni, Hopi, Navajo, and Euro-American, plus casaniers, lui succédèrent vers 1 000 av. J.-C. Ils ont construit des habitations en pierre dont on peut encore apercevoir les ruines. Le parc abrite également des peintures rupestres, qui disparaissent avec le temps.
Aujourd’hui, les seuls amérindiens présents sont les Havasupai (qui vivent à côté des Havasu Falls) et les Hulapai (à l’ouest du Grand Canyon). Ils vivent du tourisme.
Quant aux Européens, les premiers à explorer les lieux furent les Espagnols, vers 1540. En 1869 et en 1871, le Major John Wesley Powell arpenta – non sans pertes – la région. Plus tard, ce furent des missionnaires, des aventuriers à la recherche de minerais (cuivre, zinc, etc.) qui s’engagèrent dans ces lieux inhospitaliers, puis des touristes, dès 1901 (date d’arrivée du chemin de fer) et 1902 (date des premières photographies de la région et de la visite du président Théodore Roosevelt).
C’est en 1919 que le Grand Canyon devint un parc national (sous l’impulsion du président Roosevelt). Depuis des décennies, le parc est devenu un incontournable, et accueille aujourd’hui 5 millions de visiteurs par an.
Nous déjeunons tardivement (17h !) au Cameron Trading Post. Burger et club sandwich au menu… on sera calé jusqu’à demain matin !
Nous reprenons ensuite la route magnifique vers Kayenta où nous dormons ce soir. Il y neigeait il y a quelques jours…
Demain : Monument Valley

Jour 62 : 12 avril 2022

Needles – Williams
Beau temps
La tempête continue de balayer le sud des Lower 48. Les températures sont plus fraîches, autour de 15°C en journée. Parfait pour une journée en Traction.


Nous poursuivons notre route vers Williams, en empruntant de nouveau la mythique « mother road », la 66.


Déjeuner à Kingman au Siren’s cafe and Custom Catering. Une toute petite enseigne décorée à l’intérieur sur le thème des sirènes …
Insolite en Arizona …. mais ici tout est possible. Le déjeuner est correct et plutôt équilibré … tellement rare sur la route.
Nous traversons ensuite la réserve indienne des Hualapai en direction de Peach Spring, dans des décors grandioses, avant de nous arrêter à Seligman, petite ville d’un peu plus de 700 habitants située dans le Comté de Yavapai, dans le magnifique nord de l’Arizona, entre Flagstaff et Kingman.


A l’origine, il s’agissait d’un campement ferroviaire appelé Prescott Junction, puis en 1886, Seligman a été officiellement nommée en l’honneur de Jesse Seligman, un financier des chemins de fer.
Seligman réussit progressivement sa transition de ville ferroviaire à ville de la Route 66, mais lorsqu’elle fut contournée par l’Interstate-40 en 1978, elle subit un coup économique dévastateur.
Finalement, Seligman utilisa ce revers comme catalyseur pour se faire un nom. En 1987, Seligman acquit le nom de « berceau de l’historique Route 66 » grâce aux efforts des habitants de Seligman, notamment Angel Delgadillo, le barbier de Seligman qui a convaincu l’État de l’Arizona de faire de la Route 66 une Route historique.
Cet effort populaire pour la Route 66 revitalisa non seulement Seligman, mais il suscita également un intérêt mondial pour la Route 66 et  »l’Americana » à l’ancienne qu’elle représente.
Si cette histoire vous rappelle l’adorable ville appelée Radiator Springs représentée dans le long métrage d’animation Cars de Pixar, il y a une raison à cela ! Seligman a inspiré le scénario et la topographie de la petite ville de la Route 66 qui a dû se battre pour sa survie après avoir été contournée par l’autoroute.
Aujourd’hui, des voyageurs du monde entier viennent visiter Seligman pour voir la fameuse ville de la Route 66 qui s’est battue pour la renaissance de cette légende.
Seligman marque le départ (vers l’ouest) de la plus longue portion ininterrompue de Route 66 (plus de 250 kilomètres jusqu’à la rivière Colorado).
Nous reprenons en fin de journée la direction de Williams, où nous dormons ce soir.


Dîner au Red Raven.
Gratin d’aubergines et lasagnes.
Rien de grandiose mais cela nous calera jusqu’à demain matin.

Jour 61 : 11 avril 2022

Santa Clarita – Needles
Compteur Suzanne après révision : 66101 km
Départ 10h
20°C couvert
Déjeuner à Burbank.
Stop à Pasadena pour achat de matériel vidéo. Chou blanc.
Route vers Needles. Tempête dans le désert de Mojave. Assez impressionnant.
Après Barstow, nous prenons la Route 66
Dans son roman The Grapes of Wrath (1939), lauréat du prix Pulitzer, l’auteur John Steinbeck a qualifié l’emblématique Route 66 de « chemin d’un peuple en fuite ».
Nous sommes à Newberry Springs, ville poussiéreuse et désertique de Californie, sur le lieu de tournage d’un film culte sorti en 1987 et qui attire les cinéphiles du monde entier. Nous sommes au beau milieu du désert de Mojave, au Bagdad Café.


Bagdad Café ne signifie pas grand-chose pour la plupart des américains et c’est peut-être exactement la raison pour laquelle il signifie tant pour le reste du monde. Chaque jour, des cinéphiles des quatre coins du monde s’aventurent au milieu du désert de Mojave pour visiter ce petit café en bord de route de la Route 66 qui fut le lieu de tournage du film éponyme, du cinéaste allemand Percy Adlon.
Jusqu’à ce que les producteurs le choisissent pour l’emplacement de leur film, il était connu sous le nom de Sidewinder Cafe. Le nom « Bagdad » a été employé en référence à une ville fantôme à 50 miles à l’est sur la route 66 appelée Bagdad, un clin d’œil à sa situation dans le coin le plus aride des États-Unis.
L’intérieur du café raconte l’histoire de ces bus remplis de visiteurs reçus au fil des ans. Des drapeaux de pays du monde entier pendent du plafond, des autocollants s’accrochent à chaque centimètre de mur et des livres d’or regorgent de commentaires (principalement en français) remontant à plusieurs décennies.
Nous sommes accueillis par Andréa Pruett, la propriétaire.
Andréa est née dans l’Arkansas, en 1940. Elle ne se souvient plus de la ville qui l’a vue naître. Elle a perdu un de ses deux fils qui était acteur,  »emporté par Hollywood », ainsi que son mari quelques mois plus tard.
C’est en 1995, que Harold, son mari, un passionné de la nature et de la faune, a pris la décision potentiellement étrange, mais certainement unique, qu’il voulait élever des autruches, et le couple a commencé à chercher une propriété en dehors d’Hollywood. En plus de démarrer une ferme d’autruches, Andréa voulait consacrer du temps à l’une de ses propres passions, l’écriture. Les Pruetts avaient l’intention d’acheter 600 acres à Newberry Springs, en Californie, mais leurs plans ont échoué lorsqu’ils ont découvert que le terrain qu’ils envisageaient n’avait pas de puits sur la propriété, et parce qu’il bordait la montagne, l’eau serait difficile à trouver, et comme il serait beaucoup trop coûteux de forer pour obtenir de l’eau, ils ont alors abandonné ce projet.
Frustrés par les dures réalités du désert, ils se sont arrêtés au Sidewinder Café pour manger un morceau avant de rentrer chez eux. C’est là que leur destin va basculer lorsque le couple entama une conversation inattendue avec la propriétaire du café, Shirley Trueman. Shirley leur confia qu’elle cherchait à vendre le café et à poursuivre sa vie. « Elle a dit qu’elle ne voulait plus travailler ni s’en occuper », se souvient Andrea. Shirley leur a alors dit qu’il y avait un film tourné sur place en 1987 appelé le Bagdad Cafe. « Mon mari a dit: » Oh vraiment «  », se souvient Andrea. « Et elle [Shirley] a dit: » Oui! Jack Palance était dedans. » » Palance était l’un des acteurs les plus remarquables du cinéma à l’époque, connu pour ses interprétations remarquables dans les westerns des années 1950. « Et bien sûr, Harold aimait Jack Palance. Harold a carrément demandé à Shirley combien elle voulait pour le café. « Il s’est retourné et m’a regardé, et j’ai dit : ‘N’y pense même pas. Je suis venu ici pour écrire.’ » Andréa pensait que l’affaire était réglée mais Harold avait déjà été conquis.
Ce soir-là, sur le chemin du retour, Harold continua à ressasser l’idée d’acheter le café et ses deux acres. « Il savait que je n’en voulais pas vraiment », a déclaré Andrea. Elle avait essayé de travailler dans l’industrie de la restauration à un moment donné de sa vie, mais cela l’avait laissée insatisfaite. « J’ai essayé ça à Atlanta pendant une minute et je n’ai pas aimé ça. »
Ils ont fini par acheter et changer le nom en Bagdad Café. Et c’est le début de l’incroyable histoire. Changer le nom de Sidewinder Café en Bagdad Café pour capitaliser sur le lien du film était sans doute la meilleure décision que les Pruetts auraient pu prendre, tout comme la décision de laisser le café aussi authentique que dans le film.
En 1995, à leur arrivée, les habitants de Newberry Springs ont d’abord résisté aux Pruetts reprenant l’entreprise et changeant le nom du petit café qu’ils fréquentaient régulièrement le dimanche après l’église. « J’étais connue comme la dame d’Hollywood », se souvient Andréa. Les gens ont peur du changement. Les affaires ont été lentes au début, mais par essais et erreurs, ils ont appris à gérer une entreprise de restauration. Il a fallu un certain temps à certains résidents, réticents à approuver les nouveaux propriétaires, pour se familiariser avec Andréa et Harold. Mais avec le temps, ils l’ont fait.
Après le décès de son fils et de son mari, Andréa a eu une décision difficile à prendre : quitter le café qu’elle n’avait accepté d’acheter qu’à contrecœur, ou continuer à le gérer avec un avenir incertain.
Andréa a décidé de continuer à vivre seule dans le désert et à s’attacher à son Café.
Nous quittons Andréa après avoir passé un moment dans ce lieu à l’atmosphère très particulière, il faut en convenir.
Andréa nous rappelle enfin combien elle aime la France et les français qui représentent 70% de ses visiteurs.
 »Si je survis, c’est grâce à la France ».
Oui Andréa survit, le terme est juste. A 82 ans, elle vit là, en plein désert, dans un Road Van jouxtant son petit Café, avec bien peu de confort.


Nous reprenons la route tempétueuse vers Needles. Suzanne a le vent dans le dos et nous faisons une sacrée bonne moyenne.


Dîner au Wagon Wheel Restaurant de Needles.
Motel.
Demain, nous poursuivons vers Williams et Grand Canyon.

Jour 60 : 10 avril 2022

Williams – Santa Clarita
Nous quittons la ville de Williams en Arizona vers 9h.
Pas très bien dormi en raison de l’altitude et de la sécheresse de l’air.
Nous croisons des motards français, qui terminent en Harley un parcours de plus de 4000km.
Nous reprenons la 40 vers Los Angeles.
Vers 11h du matin, nous suivons en direct sur internet le résultat du premier tour de l’élection présidentielle.
Samuel et moi avons voté par procuration.
Déjeuner à Ludlow, au Ludlow Café.
Ludlow fut construite en 1882, pour ravitailler en eau les moteurs à vapeur des locomotives du Southern Pacific Railroad, puis du Santa Fe Railroad en 1897.


Arrivée à Santa Clarita vers 17h.
Repos au motel.
Dîner chez Jean François Martin du garage MARRS, à Valencia.
Pizzas home made ! Délicieuses !

Jour 59 : 09 avril 2022

Holbrook – Crownpoint – Williams – samedi 09 avril
Nous sommes partis tôt ce matin pour être au début de la marche pour Pepita’s Redhair à Crownpoint, au Nouveau Mexique.
Depuis mon premier voyage en Amérique du Nord, que j’ai débuté en Alaska, j’ai suivi le mouvement Missing and Murdered Indigenous Women.


Le sort des femmes amérindiennes aux USA est dramatique, les taux de disparitions et de meurtres des natives sont très élevés en comparaison aux autres populations. Cette situation m’a profondément choquée dans un pays civilisé comme les États-Unis. Pour comprendre cette situation abjecte, il faut comprendre la vie des Amérindiens dans les réserves, leur pauvreté souvent sur fond d’alcool et de drogue et pour cela, il faut intégrer l’histoire et la conquête de cette partie du continent par les colons européens.
Je me suis intéressée à la disparition de Jamie Yazzie, jeune femme Navajo, disparue à Pinon en Arizona en 2019. J’ai interviewé sa tante Marilene et sa sœur en septembre dernier pour comprendre ce que la famille savait sur cette disparition et ce qu’elle n’arrivait pas à savoir. Grâce au soutien du mouvement MMIW, la famille a pu trouver des solutions pour parler de Jamie, faire en sorte que le dossier ne soit pas classé et que l’enquête du FBI progresse. (Le FBI se soucie peu des problèmes dans les réserves indiennes).
En février 2022, le FBI a contacté la famille pour indiquer que des restes avaient été retrouvés et qu’il s’agissait probablement du corps de Jamie. Depuis, la famille attend que l’enquête sur les circonstances de son décès soit terminée et qu’elle repose enfin en paix. Jamie laissera trois enfants orphelins et une famille brisée de chagrin.
Sachant mon retour aux USA, j’ai été invitée par la famille de Jamie, à une cérémonie pour la mémoire et la justice de femmes disparues. Je me suis rendue à Crownpoint pour la marche en l’honneur de Pepita Redhair, disparue en 2020 au Nouveau Mexique. J’ai revu avec beaucoup d’émotion la famille de Jamie, pleine de dignité, malgré la souffrance.


La communauté Dineh est très soudée. Je salue leur courage et leur détermination à ne pas rester dans le silence.


Le rassemblement d’une cinquantaine de personnes a duré 4h.


Après avoir partagé le déjeuner avec la communauté, nous avons quitté Marilène et sa famille. Nous resterons en contact. Toujours.
Route vers Williams où nous dormons ce soir.
Dîner à l’Historic Brewing Barrel + Bottle. Pizzas !
Williams est une petite ville sur la route 66, à 1h au sud de Grand Canyon. Très touristique donc…

Jour 58 : 08 avril 2022

Santa Clarita – Holbrook – vendredi 08 avril

Étape de liaison sur la légendaire route 66.

Beau temps

100°F

Dîner à Winslow, célèbre ville pour son  »standing at the corner » en hommage à la chanson Take it Easy des Eagles.

Nous dinons à proximité du  »corner » au RelicRoad. Onions rings et salade chicken avocado. Gras et assez médiocre.

Après plus de 10h de route, nous nous arrêtons dans un motel à Holbrook.

Jour 57 : 07 avril 2022

Santa Clarita
Toujours en stand by…
Nous en profitons pour tourner quelques vidéos et photos pour les partenaires de la saison 2 de l’Aventure Terra America.


Chaleur écrasante après 11h.
On frôle les 100°F…
Ce soir, nous dinons au Neca’s kitchen. Restaurant mexicain. On se dit que cela peut nous donner de bonnes ondes pour espérer mettre enfin cap vers le sud…


Le chef nous fait 50% de discount. Il adore la voiture et son cuistot aussi ! Valse de selfies !


Demain nous partons au Nouveau Mexique.
Nous avons un tournage prévu chez les Navajos.

Jour 56 : 06 avril 2022

Santa Clarita
Levés 5h : Jetlag
Suzanne que l’on a récupéré à Brea est maintenant bloquée pour des raisons administratives françaises, une histoire de plaque Manufacturer Stellantis non livrée dans les délais et où nous demande, le jour de notre arrivée, après 6 mois de stand by de la voiture à la même adresse en Californie,  »mais où doit on livrer la plaque d’immatriculation ? ».
Malgré des arguments de bon sens, nous avons eu une interdiction formelle de conduire sans cette plaque rivée à la calandre (plaque physique inutile, une attestation aurait suffit, mais c’est écrit dans la procédure alors…)
On vous passe les détails, tellement …. mais tellement…
Après m’être battue pour repartir, trouver de nouveaux partenaires qui attendent avec impatience de voir Suzanne et nos reportages auprès des communautés, nous sommes là bêtement coincés à Santa Clarita.
Nous subissons.
Imaginer passer au Mexique et poursuivre dans les autres pays nous paraît bien compromis.
Dur à encaisser.
Nous perdons un temps précieux et de l’argent.
Ne pas rouler, ne pas travailler nous coûte, moralement aussi beaucoup.
Journée morose sous une chaleur de bête.

Jour 55 : 05 avril 2022

Los Angeles – Santa Clarita
Départ de Brea vers 10h.
1h30 de route pour aller à Santa Clarita au garage MARRS, de Jean François Martin.


Au programme après le déjeuner,


le check up de la voiture :
🔹 vidange et changement de filtre à huile


🔹 changement d’une vis du carter et du joint du bouchon de vidange
🔹 changement silent bloc avant droit


🔹 plaquettes de frein, suite à usure anormale de la plaquette intérieure avant gauche (pistons des étriers trop secs)


🔹 graissage tringlerie vitre avant droit
🔹 désoxydation et resserrage de la vis de masse sous le plancher
🔹 brossage cosse sonde de température pour l’extra fan
🔹 changement train de pneus avant
🔹 changement essuis glace
🔹 graissage des rotules
🔹 graissage des galets
🔹 changement des bougies
18h30 : fin des travaux


Retour Motel.
Dîner au Social
22h30 coucher
Programme de demain matin :
2 interviews de Jean François Martin, autour de l’automobile : la voiture de collection, le retrofit et le développement de son garage en Californie.
Demain après midi : Départ pour la route 66
Fuir Los Angeles où est annoncée une canicule avec des températures proches de 40°C les trois prochains jours…

Jour 54 : 04 avril 2022

Paris – Los Angeles
Après avoir manqué l’avion du 31 mars, puisque j’avais oublié mon passeport en Bretagne, nous avons finalement embarqué ce matin à 12h sur la compagnie Air Tahiti Nui.
11h de vol transatlantique et pas mal de turbulences au dessus des Rocheuses s’accompagnant de quelques cris dans l’avion et des plateaux repas renversés.
Pour moi qui ai fait ce voyage plus d’une vingtaine de fois, je l’ai trouvé cette fois-ci bien long et fatiguant… Je crois que je vieillis !
Arrivée vers 14h, heure locale. Passage des formalités d’immigration express… Presque un record ! Nous avions un record inverse lors de notre premier séjour aux USA en juillet dernier avec près de 3h d’attente.
Il fait 19°C.
Beau temps
Jean Philippe Baran est venu nous chercher. Ce n’était pas prévu. Bonne Nouvelle ! Je m’empresse d’annuler la réservation de la voiture de location qui devait nous conduire auprès de Suzanne.


Nous filons avec Jean Philippe vers le quartier de Brea pour la récupérer. Jean Philippe a gardé la voiture depuis le mois d’octobre dernier, dans son garage.
Le trafic à LA est toujours aussi dense. 1h30 pour faire 40 km…
Nous retrouvons enfin Suzanne, que l’on charge de tout notre équipement pour les prochaines semaines de route.


Dîner avec Jean Philippe et son frère Pierre, grand chef new yorkais, dans un restaurant mexicain de Brea, histoire d’habituer nos estomacs à la nourriture épicée.


Ça promet pour la suite du voyage car je n’aime pas vraiment les plats relevés…
22h coucher. On est au summum de la fatigue depuis 36h que nous sommes partis de Bretagne.
Demain direction Santa Clarita pour la révision mécanique de Suzanne au garage MARRS.